Musique & Silence [Shell ou un fan ?]

Le silence régnait dans la salle qui leur était réservée. C'était la fin de la rentrée. Et par la fenêtre, Masaru observait ses camarades rentrer. Cela avait une dure journée. Il était parvenu à bousculer un troisième année, à dévaler un escalier sur les fesses, et à recevoir deux déclarations d'amour de première année rougissantes. Il n'aspirait qu'à quelques heures de paix avant de rentrer chez lui... Chez lui, comme s'il pouvait appeler ça un "chez lui" ? Un autre soupir lui échappa, l'adolescent tira son baladeur de son sac de cours et glissa le casque sur ses oreilles. Les musiques tournèrent sur l'écran. Et il en sélectionna une, au hasard.

La musique emplit son esprit. Le silence n'exista plus. Il posa son front contre la vitre glacée, et en oublia ses camarades. Assis sur le rebord de la fenêtre, Masaru laissa ses pensées voguer loin, très loin. Cette année encore, il allait falloir contrecarrer les Chess. Le meurtre n'était pas la solution aux vices des hommes. Il avait passé une bonne partie des grandes vacances à s'entrainer au tir. La violence ne résout rien. Mais il faut savoir se défendre.

Il a soudain envie de tout casser autour de lui. La musique s'est faite vibrante en lui. Elle le met en colère. Il se lève d'un coup, détend son corps. Silence, alors que le jeune homme tire son casque autour de son cou. Un profond soupir lui échappe, et il se passe une main sur les yeux. Il force un sourire, comme il sait si bien le faire.

- Bon, bon, bon...

Il faut qu'il pense à quitter l'academie. Masaru doit passer à la supérette avant de rentrer. Bon sang, il n'a pas vraiment envie. Son regard tombe sur la porte, qui mène à cette pièce qui leur est réservée. Un sourire, un vrai cette fois-ci, éclaire son visage. Cette année promet d'être intéressante. Finalement, il remet en route son baladeur, le casque revient envahir de sons ses oreilles. Et là, en plein milieu de la salle, il tape du pied au rythme de la musique, laisse son corps se porter vers la voix de la chanteuse qui résonne dans sa tête.

Quel drôle de spectacle doit-il donner...

Il hait le silence. Il le hait !

L'année scolaire allait être longue et Masaru le devinait sans mal, bourrée de rebondissements, pas tous agréables. Mais c'était ainsi qu'ils deviendraient tous adultes, qu'ils remettraient les Chess sur le droit chemin, qu'ils protègeraient l'humanité contre la mort. C'était leur devoir. Soupir. Ne pas y penser. Pas encore. Tant que les autres ne sont pas encore là, il ne faut penser à rien d'autre qu'à soi-même.

Masaru allait chanter. Il se sentait sur le point d'accompagner la voix mélodieuse de la chanteuse, comme il aurait suivi la délicieuse voix d'Hina, s'ils avaient été sur scène. Mais quelque chose le dérangea. Lui qui avait fermé les yeux, pris dans le tourbillon de la musique, les rouvrit très lentement. Son corps cessa peu à peu de se mouvoir. Hm. La main dans le sac.

Silence. Il fixe Kayako, style de rien. Il a toujours eu horreur de se donner en spectacle. Sourire. Il retire le casque de ses oreilles, et éteint son baladeur. Qu'il fourre dans son sac de cours, sur le rebord de la fenêtre. Le jeune homme est content de la voir. Même s'ils sont sortis tous ensemble durant les grandes vacances, tous lui ont manqué. Un beau sourire.

- Bonjour, Kayako-chan. Ta rentrée s'est bien passée ?

Il aurait sincèrement préféré être dans la même classe que Kayako. C'eut été plus amusant. Vaguement, Masaru se demande comment ils vont faire l'an prochain, quand Ryu aura passé ses examens et partira pour une autre école. Il n'y aura plus autant de concerts et puis... Comment combattront-ils Chess ? Regard vers leur porte.

- Je me suis retrouvé tout seul en 2A. L'année va être longue. On devrait aller râler à l'administration pour être dans la même classe.

De pluss, dans sa classe, il y a plus de filles que de garçons. Il ne peut même pas se lier d'amitié. Enfin, il pourrait le faire avec ses camarades féminines, mais ça ne reviendrait pas au même. De toute façon, seuls les Shell ont de la valeur dans son coeur. Il s'appuie à nouveau contre le rebord. Défait sa cravate noire et finalement croise les bras avec son sourire en coin. Il se permet d'observer son amie de haut en bas.

- Ton uniforme te va bien. Encore mieux que celui de l'an passé.

Le jeune homme fit comme si de rien était. Comme si sa meilleure amie ne venait pas de le prendre en pleine séance de danse, lui qui était si réservé d'ordinaire. La musique hantait encore son esprit, et Masaru était un peu sonné de tout ce rythme qui lui avait fait tant de bien sur le coup. Il ne regrettait pas pour autant que Kayako l'ait dérangé. Il était mieux de passer du temps avec quelqu'un de cher que de faire une overdose de sons. Et comme si de rien était, Masaru engagea la conversation.

- Ryu est forcément seul. Peut-être que Hina & Takashi sont ensembles, s'ils ont eu plus de chance que nous, va savoir.

Il appellera Ryu, ce soir. Pour avoir de ses nouvelles. Il se demandait s'il était dans la même classe que Rui, sa sœur jumelle ou pas. Il ignorait ce que préférait son ami, quelle situation le plairait le pluss : Passer une année loin de sa sœur ou trop proche.

- Ton uniforme te va bien. Encore mieux que celui de l'an passé.
- Merci ! Toi aussi. Les cravates te vont même plus que bien.
Un léger rire suivi d'un beau sourire.
- Merci Kayako-chan.

La jolie rousse avait toujours eu le don de le faire sourire. Tous deux s'étaient observés de la même manière, sans avoir l'air d'y toucher le moins du monde. Kayako était mignonne, elle attirait bien des garçons de l'école. Masaru pouvait facilement comprendre pourquoi.

- Alors ! Et le reste de tes vacances, ça c'est bien passé ? Je suis sûre que je t'ai trop manqué !
Nouveau rire, sourire tendre. Ses amis, c'était sa vraie famille. Raison pour laquelle il fallait leur mentir. Ils étaient heureux ? Alors Masaru l'était également.
- Mais bien sûr que tu m'as beaucoup manqué, ma belle ! La fin de vacances ? Morne plaine. J'ai pas fait grand chose. Il baisse un ton. Je suis allé au stand de tir, c'est tout. J'ai révisé, un peu. Tu sais bien comment je suis.

Il était un bosseur. Il voulait obtenir son diplôme, prendre une très grande école. Très loin de chez lui. Vivre en internant l'aurait arrangé. Mais tous les Shells voulaient Nemis, alors ce fut Nemis. Masaru n'avait rien trouvé à y redire. Oh, il ne regrettait pas. Subir son père était une habitude à présent. Puis, la journée, il y avait les amis, les camarades, les professeurs, les cours et les clubs pour oublier que le soir serait un calvaire.

- Il faudrait qu'on s'organise une sortie tous ensemble, pour nous raconter notre rentrée. Un temps. Tu es venue pour jouer du piano ? Je peux t'accompagner à la guitare si tu veux.