Le Beau au Bois Dormant [Aaron 8D]

Ah Aaron... De loin, depuis trois jours, il l'avait observé. Ils suivaient les mêmes cours, c'était pratique. Masaru était installé deux places au-dessus dans le rang d'à côté. Il avait donc tout loisir de détailler la nuque et les épaules frêles, durant les cours (au lieu de suivre, je sais, ce n'est pas bien 8D). Il se demandait s'il pouvait reparler de ce moment, sur le toit, sur leur chemin vers Aaron, ensuite. Ou s'il fallait faire comme si de rien était.

Il s'était fait largement engueuler par son père, quand il était enfin rentré. Mais ça n'avait pas d'importance. Il avait toujours le goût des lèvres de son camarade sur les siennes. Il avait ressorti la partition de la chanson, et l'avait travaillée. Bien décidé à la jouer pour Aaron, un jour ou l'autre, accompagné de sa guitare. Mais le moment ne s'y était pas porté. Ils avaient cours, ou alors n'étaient pas seuls à nouveau. Et de toute façon, Masaru ne se baladait que peu avec sa guitare. Il était obligé de la laisser à Némis (Son père lui en avait déjà bousillée une et ça coûtait la peau des fesses 8D)

M'enfin. C'était entre les midis. Masaru n'avait franchement pas faim, alors il avait quitté la salle de classe. Personne, Aaron compris, n'avait pu louper son départ. Mains dans les poches, il avait rejoint la salle des Apple & Sick. Deux heures à passer avant le début des cours de l'après-midi. Son baladeur mis en route, il enfila le casque et s'allongea sur le canapé qu'ils avaient eu le droit d'installer (8D Ils en ont du bol, hein ? /SBAFF/)

La musique le porta loin. Durant trois jours, il n'avait pas pensé aux Chess, son père n'avait pas eu d'importance, les cours idem. Aaron, et son coeur gris. Son regard perdu, ses larmes, sa timidité. Aaron, plus paumé qu'il ne l'était lui-même. Aaron (♥) La musique le porte, il cesse de détailler le plafond, ses yeux se ferment, il soupire de bien-être. Fredonne "Fairytale" bas, toujours plus bas. Jusqu'à s'endormir. Somnoler, plutôt.

Et la musique, de l'envahir, de le posséder, de l'anéantir, de le reconstruire. Et la musique, de déborder, de lui donner la nausée, de l'explorer de fond en comble. Et la musique d'être ce qu'il a de plus cher au monde. Une présence le sortit du trou béant dans lequel il avait basculé. L'autre se rapprocha, s'assit là, tout près. L'autre... Qui était-ce ? Un Shell ? Un camarade de classe ? Un surveillant ? Hm... Ou pas.

Leurs lèvres se frôlèrent. Masaru ne rouvrit pas les yeux. Il avait saisi qui était l'intrus. Etrange comme ils semblaient tous deux avoir besoin, envie d'embrasser l'autre. Il le sentit se redresser, ne rouvrit pas les yeux pour autant. Masaru réfléchit à quoi faire maintenant. La musique, un morceau classique, revisité et sensuel à la fois, résonnait dans ses oreilles. Et lui donna une idée. Le plus âgé rouvrit soudainement les yeux, ses bras s'emparèrent dans le même temps de la taille d'Aaron et une fraction de seconde plus tard, ils étaient tous deux confortablement allongés dans le canapé, le blond sur Masaru.

- Bonjour, Aaron.

Un bras resta possessivement autour de la taille d'Aaron. De l'autre main, il retira son casque et éteignit son baladeur. Il posa le tout sur la table derrière le canapé. Gardant son sourire, observant son camarade. Comme la dernière fois, ses doigts glissèrent aériennement sur les joues juvéniles, repoussèrent une mèche blonde derrière une oreille.

- Tu m'as manqué.

La façon dont sonnèrent ses mots fut étrange. Un peu effrayant, tout en restant doux. Enivrant. Un instant, le brun tourna les yeux vers la porte, qu'heureusement, Aaron avait refermé derrière lui. Manquerait plus que quelqu'un les trouve ainsi, tiens ! Quoique ça ne le dérangerait pas, il s'en fiche assez. Mais ce n'est peut-être pas le cas d'Aaron. Enfin, il préfère le câliner dans ce canapé, dans cette salle qu'il chérit, cachés qu'ils sont du monde.

- Trois jours sans te parler, sans humer ton parfum... C'est trop long, Aaron.

Semble-t-il déjà sous le charme ? Sans doute. Fera-t-il fuir le garçon ? Il ne l'espère pas. Il ne le veut pas, non. Il préfère se taire alors, il observe un instant le plafond. Mais son cœur gris bat encore dans sa poitrine, s'accorde en rythme avec celui d'Aaron. Délicieux moment.

Masaru était parti si loin, il y était si seul. Mais cette présence, qu'il ne considère pas comme hostile, le ramène dans le monde des vivants. Il reconnait Aaron, lui sourit et l'enlace. Comme il en avait tant envie depuis ces derniers jours. Il est heureux que le plus jeune ne le repousse pas, bien au contraire ! Alors il en profite.

Aaron ne semble pas vouloir ouvrir la bouche, pour parler. Cela rappelle au Shell leur première rencontre sur le toit. Va-t-il falloir qu'il chante à nouveau pour l'inciter à réagir ? A réagir... Leur baiser. Il y pense, glisse son regard azurique sur les lèvres de son homologue. Continue de murmurer, de parler. Attend une réaction quelconque.

« Chut ! Aucun mot ne suffit pour décrire ses trois jours les plus horribles de mon existence, les secondes se jouaient de moi, mon seul désir était de te voir à nouveau... »

Un sourire, et leurs lèvres se découvrent de nouveau, avec une satisfaction partagée. A partir de maintenant, il n'hésitera plus à rejoindre Aaron après les cours, à lui proposer qu'ils déjeûnent ensemble. Oui, il ne restera plus dans son coin, à attendre un signe qu'il puisse le faire. Leur étreinte est chaude, enivrante.

Sa main s'empare du poignet de son ami, l'empêche de continuer l'ouverture de la chemise, l'exploration de son torse. Il ne peut pas. D'une part, c'est trop tôt et ça va trop vite. D'autre pas, son corps est dans un état qu'il refuse de montrer aux autres. Il ne veut pas de pitié, il préfère sa pudeur.

- Non... Je t'en prie, nous avons le temps. Aaron.

Il lui sourit malgré tout, mais continue de maintenir son poignet. Masaru ne souhaite pas qu'on découvre le traitement que lui inflige son père. Aucun de ses amis, les Shell, ne sont au courant ! Et pourtant, cela fait des années qu'ils se côtoient. Le brun tient à son secret, tient à garder cette honte pour lui.

Pourtant par le col de la chemise ouverte précédemment, il n'est pas difficile pour Aaron, de remarquer un large bleu, qui marque l'épaule et le haut du bras. Un coup de poèle, même froid, c'est extrêmement douloureux.